Il n’est pas bon que les crimes du communisme soient oubliés et, finalement, pardonnés. Car, dans l’est de l’Ukraine, la majorité de la population a des origines russes. De la même façon, si de nombreux analystes comparent le monde d’aujourd’hui à celui des années 1930, ce n’est pas un hasard. Parfois, on voit le passé resurgir et on comprend alors qu’il n’était pas si loin de nous.

Et, aussi, une actualité, car son histoire parle, à travers l’opposition qu’il a rencontrée en voulant faire ses révélations sur la famine en Ukraine, d’un danger pour la démocratie lié à la désinformation, aux fake news. Pourquoi la vérité n’a-t-elle pas triomphé au moment où Gareth Jones voulait publier son article sur la famine en Ukraine ?Les gens n’étaient pas intéressés.

J’y ai trouvé une urgence, une force pour dire qui il avait été. On sent votre admiration pour le journaliste Gareth Jones, qui se bat pour la vérité. La Seconde Guerre mondiale a indirectement servi cet objectif, faire oublier la famine qui avait été organisée par Staline et qui a tué des millions d’Ukrainiens. Votre film est coproduit par la Pologne et l’Ukraine, deux pays qui ont eu à souffrir directement de Staline et de l’Union soviétique. Quel défi représente la reconstitution de l’Holodomor ?C’est le cœur de ce film, émotionnellement. Mon père était juif, ses parents et beaucoup des siens sont morts dans la Shoah, il est parti en Union soviétique pour se battre dans l’armée polonaise soviétique, il a servi ce régime et il a été très déçu.

J’ai découvert qui il était en lisant le livre de Timothy Snyder, Terres de sang : L’Europe entre Hitler et Staline (1), qui raconte la première partie du XXe siècle en Europe de l’Est – un bouquin vraiment fascinant. J’étais étudiante à Prague, en 1968, quand les chars soviétiques sont arrivés pour écraser les espoirs de démocratisation.

Je m’intéresse depuis toujours à l’histoire des régimes totalitaires du XXe siècle, stalinien ou hitlérien. J’ai fait ce film pour raconter un passé que les gens doivent connaître afin de mieux comprendre le monde d’aujourd’hui. En 1933, le journaliste britannique Gareth Jones mène secrètement une enquête sur le miracle économique de l’URSS et découvre que Staline vend toutes les récoltes du peuple d’Ukraine, le laissant mourir de faim… Presque jamais montré au cinéma, ce génocide appelé l’Holodomor est au centre du nouveau long métrage de la Polonaise Agnieszka Holland, L’Ombre de Staline, en salles lundi 22 juin.

Un jour, il a été arrêté, accusé avec de fausses preuves d’être un espion, et, pendant l’enquête, il a sauté par la fenêtre. Agnieszka Holland, réalisatrice de “L’Ombre de Staline” : “L’histoire des crimes contre l’humanité fait partie de ma vie” 5 minutes à lire Propos recueillis par Frédéric Strauss CONDOR FILMS.

Je n’aurais jamais eu les moyens financiers de récréer ces immensités blanches, qui m’ont beaucoup aidée pour exprimer la désolation mortelle de l’Ukraine sous Staline. Mais l’Holodomor est un génocide: un crime de masse, délibéré et systématique.

Inspiré d'une histoire vraie, « l'Ombre de Staline » est un polar ponctué de séquences terrifiantes, mais aussi une réflexion sur la propagande et le totalitarisme. Ma mère, elle, s’est battue dans la résistance polonaise, elle a sauvé une famille juive.

Moi, je ne ferai jamais confiance à Poutine.

Il fallait que je rende cette vision crédible et bouleversante pour donner tout son sens à l’histoire de Gareth Jones, qui a été le premier à dénoncer ce génocide.

Mais je sais regarder les choses avec distance, je ne suis ni anti-russe, ni anti-allemande.

Ce qui est arrivé dans le passé continue à vivre, de façon souterraine, invisible.

Andrzej Wajda, mon mentor, disait qu’on peut facilement reconnaître les bons metteurs en scène : ce sont ceux qui ont de la chance avec la météo. “Holodomor” : c’est le nom donné à la grande famine orchestrée par l’Union Soviétique et qui décima les paysans ukrainiens dans les années 1930. La famine n’est pas spectaculaire, je montre que les gens mouraient dans la solitude et le silence. En salles à partir du lundi 22 juin 2020.

Nous avons tourné en Ukraine et, juste avant notre arrivée, la neige est tombée en abondance. Puis, quand l’Union soviétique a cessé d’exister, ses crimes ont été comme effacés de la mémoire collective. Retrouvez les 126 critiques et avis pour le film L'Ombre de Staline, réalisé par Agnieszka Holland avec James Norton, Vanessa Kirby, Peter Sarsgaard.

Avec votre film, vous le sauvez de l’oubli.C’est la force du cinéma : on met la lumière sur une personne et, tout à coup, cette personne existe. “Les effets de manche de Donald Trump ne devraient avoir aucune conséquence sur le résultat”, “Comptez chaque vote !” : à New York, la bataille pour le décompte des voix se joue dans la rue, Élections américaines : “Donald Trump veut tirer parti de la confusion”, Agnieszka Holland : « Si, aujourd’hui, un sondage faisait apparaître que la majorité des Allemands vénèrent Hitler, le monde entier réagirait avec horreur. Passé et présent sont-ils liés ?Pour moi, l’histoire n’est pas finie. Pour repeupler l’Ukraine après y avoir laissé tant de gens mourir de faim, Staline a envoyé des migrants russes, ce qui n’est pas sans lien avec la guerre en Ukraine aujourd’hui.


En Ukraine, aujourd’hui, il y a la guerre, Poutine fait ce qu’il veut et Emmanuel Macron pense qu’il faut faire des échanges avec lui.

Elle a son arbre à Jérusalem, au mémorial de Yad Vashem.

Même en Russie, où il a fait tellement de victimes, Staline est, aujourd’hui encore, vénéré, considéré comme le plus grand homme de l’Histoire – un sondage publié pendant la préparation du film l’a montré. Pour nous, elle est très réelle. La mémoire des crimes du communisme y est-elle plus vive qu’ailleurs ?Oui, c’est normal, cette histoire des crimes du communisme, nous l’avons vécue dans notre peau. De la neige, de la vraie.

Votre vision de la grande famine de l’Ukraine, privée de ses récoltes par Staline, est très impressionnante.

L’Ombre de Staline prend les allures d’une oeuvre passionnante qui fait prendre conscience de l’abomination du régime soviétique, pourtant perçu comme un allié au moment de la seconde guerre mondiale. À voir L’Ombre de Staline, d’Agnieszka Holland. Et hop !

On a testé le click and collect en librairie : le plus dur, c’est de choisir son livre ! J’essaie simplement de comprendre comment les gens sont tombés dans le piège.

Mais c’est en lisant le scénario de L’Ombre de Staline, écrit par Andrea Chalupa, que j’ai vraiment compris l’histoire de Gareth Jones.
Ou existe à nouveau, dans le cas de Gareth Jones, qui est, en effet, méconnu aujourd’hui. Je ne ferais jamais confiance à Poutine.”, D’Edward Colston à Christophe Colomb, ces statues qui agitent la mémoire à vif de l’esclavage, Une série russe ose parler des crimes de Staline et pour certains patriotes, c’est un sacrilège, Quand la Berlinale 2019 exhume les “fake news” de Staline. Le pire est possible à partir de là.

». Éclairage sur cet épisode méconnu de l’histoire européenne, en compagnie de la réalisatrice polonaise. Jamais abordé au cinéma, ce génocide est au cœur du film d’Agnieszka Holland qui sort ce 22 juin. De nombreux pays, dont la France, ne reconnaissent pas l’Holodomor comme génocide. Rencontre.

Un film d’histoire qui revisite le monde d’hier pour éclairer celui d’aujourd’hui. L’AVIS DU « MONDE » - À VOIR. Disney transforme Cendrillon en femme forte, C-3PO dans “Star Wars”, c’est lui : comment Anthony Daniels a passé sa vie enfermé dans un robot, Assistez à la séance virtuelle de “Basta Capital”, de Pierre Zellner, Sur YouTube, ce web docu plonge dans les méandres de la Fondation SCP, Don Siegel, un râleur à Hollywood et sur TCM Cinéma, Regardez “Je suis Sofia” en replay sur lcp.fr, Nos recettes faciles avec les enfants : les biscuits de marins dans “Pocahontas”, Sur Okoo, “Les Petits Magiciens” s’affrontent pour remporter la Baguette d’or, Rachid Zerrouki, prof en Segpa : “Si je n’ajuste pas mon enseignement, je mets ma classe en situation d’échec”, Mort de Jean-Pierre Vincent, formidable héraut du théâtre contemporain, Dominique Bagouet, danseur à la classe peu classique, Paris : voici 21 super librairies qui proposent du “click & collect”, “On/Off”, le superbe chant d’amour de Bachar Mar-Khalifé pour Beyrouth, Au ministère de la Culture, Roselyne Bachelot distribue les missions sans lire les CV, “A Quiet Storm”, le nectar soul de Smokey Robinson, Podcast : “Par iStrada”, la Corse par ceux qui la vivent, Avec Radio Pirate, le confinement en bonnes voix, Podcast : sur France culture, les teen movies dans la fleur de l’âge, Jeanine Cummins et Jean-Christophe Rufin, les choix de la libraire du jour, Timothée de Fombelle et Marie-Hélène Lafon, les choix du libraire du jour. Votre film veut-il lutter contre une forme de déni de mémoire ?Je pense que la Russie a exercé d’énormes pressions partout dans le monde pour empêcher la reconnaissance de ce génocide.

Je me suis dit, en tournant L’Ombre de Staline, qu’il y avait trois indicateurs d’une société en crise : la corruption des médias, la lâcheté et l’opportunisme de la classe politique, l’indifférence de l’opinion publique. Mais quand c’est Staline qu’on met sur un piédestal, cela ne gêne personne.

Les grandes histoires des guerres et des crimes contre l’humanité font partie de ma vie, on me les racontait avant de dormir quand j’étais enfant. Retrouvez le meilleur de Télérama avec nos quatre newsletters : La Quotidienne, Télérama Sortir Grand Paris, Télérama Soirée (abonné) et Télérama Week-end (abonné), “L’histoire du journaliste Gareth Jones, c’est celle du danger pour la démocratie que représentent la désinformation et les ‘fake news’”, “En Ukraine, aujourd’hui, Poutine fait ce qu’il veut et Emmanuel Macron pense qu’il faut faire des échanges avec lui. « L’Ombre de Staline », d’Agnieszka Holland. Je pense qu’il a été victime de cette persécution parce qu’il était juif. Ma famille a été victime de ces deux régimes. L’Ukraine, c’était loin, les politiciens ont décidé que cette histoire de famine ne changeait rien, comme je le montre dans le film : les Américains ont signé un accord avec Staline et ont commencé à faire du business, les Britanniques ont suivi.