La conclusion, que d’autres chercheurs partagent aussi, serait que la fontaine peut être assimilée au mécanisme psychique de la vue et de l’imagination. Bucarest: Univers. Ovide place le mythe de Narcisse dans un cycle épique autour de la cité de Thèbes aux côtés d'Œdipe dont la figure manque chez l'auteur latin. » En grandissant, Narcisse s’avère d’une beauté exceptionnelle. En suivant la conclusion du même chercheur selon laquelle la fontaine serait le symbole du poème allégorique, nous tenterons de faire un parallèle entre les significations de cet épisode et la construction du roman de Guillaume de Lorris. Narcisse est le fils d'une nymphe nommé Liriopée et du dieu-fleuve Céphise en Béothie. Tandis qu'il dépérit, Écho, bien qu'elle n'ait pas pardonné à Narcisse, souffre avec lui ; elle répète, en écho à sa voix : « Hélas ! The second level of the metamorphosis follows the chronological plan, therefore the modifications that this story from Antiquity undergoes in the Middle Ages period, and the last level has as purpose the fathoming of the textual metamorphoses that the myth begot in three medieval texts (The Romance of the Rose by Guillaume de Lorris, the continuation of this text by Jean de Meun and Le livre des eschez amoureux moralisés by Evrart de Conty), like: “mise en abyme”, parody and commentary. 2. L'autre n'existe pas. de la lecture de textes authentiques Mise en page : Anthony Salomé Le mythe de Narcisse PRÉSENTATION : Cette séquence organisée autour du mythe de Narcisse, occupera neuf séances d'une heure et trouvera sa place au cours des trois derniers mois de l'année scolaire. Le roman raconte le songe que le narrateur a fait une nuit de mai dans sa jeunesse, songe qui présuppose un dédoublement du narrateur en sujet rêvé que l’on peut comparer au dédoublement de Narcisse dans les eaux de la fontaine. Paris: Editions du Seuil. Evrart de Conty reprend le mythe ovidien du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris par le procédé du commentaire et l’histoire de Narcisse devient dans sa lecture un prétexte pour une interprétation moralisante et philosophique, conformément à laquelle le personnage d’Ovide est le prototype de celui qui aime la gloire du monde, ce qui renvoie au motif de vanitas vanitatum. Cette version est une tentative d'interprétation rationaliste de ce mythe. Elle fera donc office de … Londres: Routledge. Introduction et notes au Livre des eschez amoureux moralisés. Narcisse était originaire de Thespies en Béotie, cité située entre Thèbes et le mont Hélicon ; il était le fils de la nymphe Liriopé. Paris: Editions du Seuil. L’image spéculaire est aux antipodes du narcissisme: elle est si déformée et aliénante que celui qui se regarde ne peut plus se reconnaître et il est atteint par la folie. Le cristal “merveilleux” reste encore un “ miroir périlleux”, car “celui qui se regarde dans le miroir ne peut trouver de protecteur ni de médecin pour éviter à ses yeux de voir ce qui l’a mis sur la voie de l’amour. Les Ennéades. Au regard de tous ces éléments, nous pourrions affirmer que la fontaine de Narcisse est davantage que le carrefour de sens et le symbole du poème allégorique, elle est une mise en abyme3 du roman. D’une manière similaire, la fontaine montre à ceux qui regardent dedans, même si c’est dans le moindre détail, seulement la moitié du verger. Notions, pratiques et dérives, Première Série - 2 Numéro Spécial 10-11 | 2011, Littératures nationales: suite ou fin. Finalement ce que veut signifier le texte, c'est que Narcisse a été engendré par un premier Narcisse : le Narcisse qui est tourné vers lui-même est dans une situation de violence incestueuse _____ Le retour vers la reconnaissance de l'autre. Pour les deux cristaux, les choses se compliquent, de la morale on passe à la philosophie, car ils représentent les deux vertus données par Dieu à l’homme: la vertu sensitive et, respectivement, l’entendement par lequel les choses arrivent à l’imagination et à la mémoire. Alina-Daniela Marinescu, « Les métamorphoses textuelles du mythe de Narcisse dans le moyen âge français: Mise en abyme, parodie et commentaire », Carnets, Première Série - 5 | 2013, 51-61. Paris: Les Belles Lettres. L’épisode de Narcisse inséré dans la première partie du Roman de la Rose a une fonction essentielle dans la narration de Guillaume de Lorris en tant que préambule de la scène de la découverte de l’amour et “exemplum” pour l’aventure de l’amoureux. Essai sur la mise en abyme. L’absence de la réflexion entraîne aussi le rejet des vertus contemplatives, de l’esthétique de l’image qui constitue le fondement de la première partie du Roman de la Rose. The first level concerns the myth which is focused on a transformation: that of Narcissus into a flower, aiming especially for the relation between the character and his own reflection (the changes of his own perception towards this reflection and the changes of the self in relation to his own image). 3Dans la philosophie antique, c’est Plotin qui fait référence à ce mythe dans le cadre d’un exposé sur la beauté intelligible et sensible en considérant l’erreur narcissique comme l’erreur métaphysique des âmes qui oublient leur origine et apprécient la beauté matérielle à la place de la beauté intelligible (Plotin, 1960: I,VI,8), vu que la matière dans la philosophie néoplatonicienne est l’équivalent de l’irréalité. Enfin le Pseudo-Probus, dans un commentaire des Bucoliques de Virgile, précise que Narcisse est le fils d’Amarynthus[8], « veneur d’Artémis qui fut un Erétrien originaire de l’île d’Eubée ». L’association pin-fontaine a été rapportée par la critique au complexe eros/thanatos qui joue un rôle primordial dans le mythe ovidien (Strubel, 1992: 119). Narcisse a un succès immédiat dans les arts figuratifs romains, notamment dans de nombreuses fresques pompéiennes[5]. 18La relecture du texte de Guillaume s’avère acide et tout son appareil symbolique est déconstruit à l’aide du sarcasme, en arrivant jusqu’à la parodie4, comme dans ce fragment sur la fontaine de Narcisse qui garde chez Jean de Meun les propriétés maléfiques du mythe ovidien. Revue électronique d’études françaises de l’APEF. L’histoire de Narcisse, introduite par l’intermédiaire d’un artifice (l’inscription sur la fontaine), est transposée dans le registre courtois: le héros est un “damoiseau” méprisant l’amour d’Echo (“dame de haut rang”) qui va implorer Dieu de venger sa souffrance en punissant le jeune homme par un amour tout aussi malheureux que le sien. Aussitôt il en fut stupéfait, car son reflet le trompa tout à fait: il s’imagina voir la figure d’un jeune homme beau au-delà de toute mesure (Lorris, 1992: 123). Quant à la propriété des cristaux de la fontaine du Roman de la Rose qui reflètent selon la position de l’observateur qu’une moitié du jardin, il s’agirait, selon l’interprétation d’Evrart de Conty, d’une réflexion incomplète de la réalité du monde. 2En apercevant son reflet dans l’eau limpide de la source, le héros d’Ovide est la victime d’une double illusion: celle de substituer l’irréel à la réalité et de prendre le même pour l’autre, selon l’observation de Françoise Frontisi-Ducroux dans son ouvrage consacré aux représentations catoptriques dans l’Antiquité, Dans l’œil du miroir (Frontisi-Ducroux, 1997: 215).