Durant les années 1960, la menace de représailles nucléaires massives en réponse à une attaque soviétique majeure sur le sol des États-Unis demeure très crédible ; en revanche, la crédibilité d'une réponse nucléaire américaine à une attaque soviétique contre l'OTAN en Europe est plus difficile à établir ; Moscou peut douter qu'un président américain serait prêt à risquer Chicago pour Hambourg et les États européens de l'OTAN s'en inquiètent. Les plans de défense de Berlin-Ouest en cas de blocage de ses accès par les Soviétiques (BERCON) comportent plusieurs scénarios dont certains s'appuient sur l'emploi d'armes nucléaires[11]. L'opposition au nucléaire est très forte dans le population allemande, mais la crise des euromissiles des années 1977 à 1987 durant laquelle la RFA accepte l'installation de nouveaux missiles nucléaires sur son sol montre que le gouvernement est capable de prendre des décisions en la matière contre son opinion publique. La capacité à mener une frappe nucléaire après une frappe ennemie, à une échelle suffisamment importante pour dissuader la première frappe, devient une préoccupation majeure des états-majors et des stratèges. Mais l'arme atomique renouvelle complètement la place de la dissuasion dans les stratégies de défense car sa puissance sans égale dans l'histoire et l'instantanéité de sa mise en œuvre rendent possible la destruction en quelques heures de pays comme les États-Unis ou la Russie, dont l'immensité ou la position géostratégique leur avaient permis de vaincre leurs adversaires dans la durée même après avoir subi des attaques surprises dévastatrices[23]. La décision des États-Unis au milieu des années 1960 de renoncer au projet de force nucléaire multilatérale impliquant fortement les membres européens de l'OTAN[84],[85] pour conclure le TNP ruine les espoirs de l'Italie en ce qu'il crée sans ambiguïté deux catégories d'États, nucléaires (EDAN) et non-nucléaires (ENDAN), lui interdisant de se situer à mi-chemin des deux. 103 0 obj
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De 1945 à 1992, les États-Unis procèdent à plus de 1 000 tests nucléaires. Après la crise de Cuba, les dirigeants américains et soviétiques se rendent mieux compte des risques que peuvent faire courir une mauvaise appréciation des intentions de l'autre ou un accident impliquant des armes nucléaires[j]. L'arrivée au pouvoir de Gorbatchev en mars 1985 change radicalement la donne et ouvre la voie à un retour à la détente et à une politique de part et d'autre de réduction des armements nucléaires, qui se conclut par la signature de traités importants d'élimination des missiles de portée intermédiaire américains et soviétiques (Traité FNI), mettant ainsi fin à la crise des euromissiles, et de réduction des armes stratégiques (traité START I). Ces accords ne sont cependant pas ratifiés car la détente laisse progressivement la place à ce que l'on appelle parfois la « seconde guerre froide » à partir de 1975, dont l'intervention soviétique en Afghanistan à l'hiver 1979 et la crise des euromissiles constituent des temps forts, gelant pour un temps la diplomatie et renforçant la solidarité atlantique, comme l'illustre spectaculairement le soutien de François Mitterrand au déploiement des missiles Pershing II pour contrebalancer les SS-20 soviétiques[50]. DISSUSASION NUCLEAIRE : La dissuasion nucléaire française et l’Europe ou l’antinomie de Russel Posté le mardi 25 février 2020 Pendant toute la durée de la Guerre froide, le « fait nucléaire » a été l’une des données structurantes des relations internationales en dominant l’ensemble des fonctions militaires. Dans les années 1956/57, le doute augmente sur la stratégie officielle américaine de représailles massives et plus généralement sur la possibilité de gagner une guerre nucléaire. Les accords SALT conduisent à un rapprochement des stocks d'armes possédés par les deux Grands. Après la Guerre froide et la chute du mur de Berlin, nous vivons aujourd'hui la troisième rupture stratégique : le retour des États-puissance. Aux États-Unis, la CIA et l'Air Force continuent de produire des prévisions sur le nombre de bombardiers stratégiques ou de missiles soviétiques dépassant la réalité.